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La Danse Orientale Tribale prend forme aux Etats-Unis à la fin des années 60 spécifiquement en 1969, lors du Festival “Renaissance Pleasure Fair” lorsque Jamila Salimpour est invitée à proposer un spectacle rassemblant les Arts Orientaux.

Professeure de Danse Orientale, elle enseigne depuis 1952 en développant une méthode pédagogique unique d’écriture des mouvements orientaux. Avec sa compagnie Bal Anat, elle intègre des profils artistiques multiples, et pousse plus loin l'exploration de la Danse Orientale. C’est ainsi qu’elle va pour la première fois utiliser le mot “Tribe” (Tribu) pour faire référence au métissage culturel qui infuse au sein de la compagnie.

Très vite de nombreuses danseuses s’identifient à l’énergie manifestée autour des apparitions de Bal Anat et le courant se précise avec une revendication de la femme sujet et non plus objet comme elle a longtemps été considérée à travers la Danse Orientale, particulièrement avec les influences Hollywoodiennes.

Elève de Jamila Salimpour, Masha s’est également fasciné pour la Danse Orientale, qu’elle a notamment investi en créant son propre look et en développant une approche unique de la dynamique de groupe. C’est elle qui introduit le concept de “leader-follower” au sein de la Danse Orientale, transmettant à chaque danseur un sentiment d’unité et de soutien mutuel sur scène.

Masha Archer a marqué l’histoire des Danses Orientales Tribales avec ses costumes uniques. Les cheveux sont cachés dans des turbans, les jambes sont couvertes par de volumineux sarouels, la peau est parée de bijoux pour la plupart orientaux ou africains, des fleurs ornent les tenues et les corps, des châles flamencos ou russes entourent les hanches et les bustes sont recouvertes par des cholis indiens.

Dans la continuité de ses créations, sa troupe et elle commencèrent également à danser sur des musiques venant de différentes cultures du monde, offrant ainsi des représentations riches animés par des tableaux vivants. 

Élève de Masha Archer, Carolena Nericcio crée la troupe, aujourd’hui mythique “FatChanceBellyDance®”. Dès le début, la troupe façonne cette nouvelle forme de danse orientale car elle donne des représentations très régulières dans des cafés et restaurants de San Francisco. Dans un soucis d’offrir au public des danses uniques, Carolena codifie les mouvements et reprend le principe de “leader-follower” afin de créer des improvisations synchronisées de groupe. En gardant des références orientales claires et en fusionnant les principes esthétiques de Jamila Salimpour et de Masha Archer, tout en intégrant sa propre vision, Carolena donne naissance à l’American Tribal Style®. La tribu entre en scène, s’organise en formations, une danseuse mène la danse, le groupe fait honneur à sa proposition en la suivant, et la roue tourne ainsi jusqu'à la fin de la représentation.

Comme une langue, chaque mouvement peut être considéré comme un mot, et les structures d’improvisation comme des règles grammaticales. Sur scène, les danseuses construisent des phrases dansées en fonction de leur inspiration, et guident la troupe avec clarté et bienveillance dans l’improvisation synchronisée avant de laisser la place de leader à une autre. 

Dans les années 80, les danseuses insufflent également un vent de rébellion et poussent leurs inspirations de costumes et de coiffures en puisant leurs influences dans diverses cultures, avec la liberté de création qui rend chaque costume, coiffure et maquillage unique à chaque danseuse. Leur apparence reste reconnaissable par sa codification : jupe ample, sarouel, choli, soutien-gorge et ceinture décorés, et coiffures florales ou turbans ornés. Les tatouages sont également en plein essor. La danse s'est affinée et s'est répandue à travers le monde. Les femmes deviennent mystiques et chacune de leurs apparitions suggère le pouvoir féminin et la posture impeccable de déesses modernes.

L’épopée de la lignée continue son chemin notamment avec des élèves de Carolena Nericcio. Certaines créent leur propres troupes inspirées de l’American Tribal Style®, telles Gypsy Caravan ou Urban Gypsies…, d’autres se lancent en solo.  

C’est Jill Parker, ancienne FatChanceBellyDance®, qui telle une pionnière fait le premier pas, devenant ainsi la première danseuse de Tribal Fusion. En s’inspirant des mouvements et de la posture de l’American Tribal Style® ainsi que de la transmission de Jamila Salimpour, Jill crée ses propres codes et chorégraphies. Inspirées, d’autres vont suivre. Une nouvelle vague de danseuses fait évoluer le style grâce à des chorégraphies de plus en plus sophistiquées. Rachel Brice, Mardi Love, Sharon Kihara, Moria Chappell, pour ne citer qu’elles, sont encore aujourd’hui des danseuses emblématiques de la danse Tribal Fusion.

La spécificité principale de ce style réside dans sa technique riche et définie ainsi que dans une volontée de challenges chorégraphiques. Les danseuses ancrent leur posture et jouent avec les isolations et superpositions de mouvements, qui font appel à un travail musculaire précis et intense à la manière du hip hop.  

Dans les années 90 une autre élève de Carolena Nericcio développe une forme moderne et urbaine de Danse Orientale Tribale de troupe. Amy Sigil, portée par la rigueur de ses années en équipe de basket ball, a une vision globale et structurée de l’American Tribal Style®, elle crée alors l'Improvisation Tribal Style (ITS). En gardant le principe de “leader et follower” qui permet la danse de troupe en semi-improvisation synchronisée, ainsi que la posture et les racines des mouvements orientaux utilisés jusqu’alors, elle apporte une influence hip hop, techno, et fusionne avec d’autres styles de danses traditionnelles et contemporaines. Sa codification très précise des mouvements et les nombreuses structures permettant l’improvisation sous toutes ses formes, offrent la possibilité de danser avec de très grands groupes sur des musiques populaires et actuelles, aux tempos hétéroclites.

Son style vestimentaire sobre et épuré, enthousiasme de nombreuses danseuses à travers le monde attirées par l’énergie urbaine et structurée de l’ITS. 

De nos jours les danseuses orientales tribales continuent d’inspirer et former les jeunes générations. Notons que la notion de jeunesse ne découle pas de l’âge, car l’une des valeurs fortes de ces styles de danse est l’opportunité pour à tous et à toutes de danser ensemble quelque soit leur origine socio-culturelle, leur âge, leur corps… Nous parlons de jeunes générations pour nommer les vagues successives d'élèves et de professeurs qui plongent dans les danses tribales d’année en année.

La communauté voyage à travers le monde pour se retrouver lors de Festivals ou cours intensifs. Les inspirations chorégraphiques, musicales, culturelles, n’ont plus de limites. En gardant les racines de l’ATS®, elles ouvrent les portes de fusions originales en empruntant des musiques très variées et la plage inépuisable de ressources va du traditionnel au moderne. Le public assiste à de véritables numéros aux univers contrastés.

Ce style qui à l’origine s’appuyait sur des musiques orientales très traditionnelles, auxquels se sont méles des instruments heteroclites suivant l’inspiration des musiciens et des danseurs, va maintenant chercher puiser l’inspiration musicale dans tous les genres et cette diversité à son tour nourrit et inspire la danse Tribal Fusion.